Soja

Le soja comprend trois principaux produits : la fève (ou graine), l’huile et le tourteau de soja. Le tourteau de soja est le sous-produit de l’extraction de l’huile de soja. La trituration d’une tonne de graines de soja permet d’obtenir environ 180 kg d’huile et 800 kg de tourteaux (Peyronnet et al., 2014). L’huile est utilisée dans l’alimentation humaine tandis que les tourteaux servent d’alimentation animale.

Soy
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Soy

Image représentant une plantation de soja.

Le soja est essentiellement utilisé comme produit intermédiaire dans des chaînes de production alimentaires ou industrielles. Le soja qui sert dans la production de produits d’origine animale (soja donné aux poulets, aux bœufs, aux vaches laitières et aux porcs tout au long de leur vie) est appelé « soja caché ». Ce dernier doit être aussi pris en compte dans l’évaluation du poids des importations au sein de la déforestation mondiale.

A l’échelle mondiale, 77% du soja est produit pour l’alimentation animale, 19,2% pour la consommation directe humaine et 3,8% pour l’industrie (biodiesel, lubrifiants, etc).

Le tourteau de soja est quasiment exclusivement utilisé comme protéine entrant dans la composition des rations destinées à l’alimentation des animaux d’élevage (volailles, porcs, bœufs, poissons d’élevage). Il s’agit de la principale source de protéines utilisée pour l’alimentation animale dans le monde.

Dans l’alimentation animale, le premier consommateur de soja est le poulet (37 % de la production mondiale), suivi du porc (20,2 %), des produits aquacoles (5,6 %), de la production de produits laitiers (1,4 %) et du bœuf (0,5 %).

L’huile de soja, l’une des plus consommées au monde, est destinée à hauteur de 80 % à des usages alimentaires, le reste étant utilisé essentiellement afin de produire des biocarburants (biodiesel).

Seulement 6 % de la production mondiale de soja-graine serait directement transformée pour des usages alimentaires sous la forme de lait de soja, de desserts à base de soja, de tofu ou encore comme émulsifiant (lécithine de soja) dans des préparations alimentaires industrielles (chocolats, plats préparés, etc.) (Fraanje et Garnett, 2020).

Le marché mondial du soja

La production mondiale de soja a doublé entre 2000 et 2019 passant de 26,4 à 55,1 millions d’hectares. Les principaux bassins de production sont concentrés dans trois pays : les Etats-Unis représentent en moyenne 33% de la production mondiale de soja sur la période 2012-2021, suivis par le Brésil (32%) et l’Argentine (16%) . Environ 90 % des volumes exportés proviennent du Brésil, des États-Unis, de l’Argentine et du Paraguay. La production de soja au Brésil a progressé très fortement depuis la fin des années 1980, passant de moins de 20 à plus de 120 millions de tonnes en 30 ans.

Les enjeux de la filière soja en France

La France importe en moyenne 3 616 000 tonnes de soja par an sur la période 2012-2021 (soit 54 kg par habitant) et en exporte 251 000 tonnes. 82% de ce soja est importé sous forme de tourteaux de soja. Ces derniers sont les résidus de l’extraction de l’huile de soja.

Les importations françaises de soja provenaient en grande partie des États-Unis jusque dans les années 1980, mais cette situation a évolué au profit des pays d’Amérique du Sud, en particulier du Brésil qui est de loin le premier fournisseur de la France. En effet, avec en moyenne 2 354 000 tonnes de soja exportées vers la France chaque année sur la période 2012-2021, le Brésil représente 65 % des importations françaises de soja. Ce dernier est suivi de loin par l’Argentine qui exporte 338 000 tonnes de soja vers la France, soit 9 % du total des importations de la France.

En application de la loi de finance 2021 (article 15), l’avantage fiscal pour l’incorporation de l’huile de soja dans les biocarburants est supprimé depuis le 1er janvier 2022.

Un tableau de bord est disponible sur cette plateforme pour l’analyse des risques de déforestation liés aux importations françaises de soja.

L’empreinte terre du soja

Sur la période 2012-2021, les importations de soja de la France mobilisent en moyenne 1 285 000 hectares par an, soit 193 m2 par habitant.

Le rôle du soja dans la déforestation

L’expansion de la culture du soja se fait en grande partie au détriment des forêts et de la végétation naturelle. Le soja contribue à la fois à la conversion directe mais également à la conversion indirecte via le déplacement de la production bovine et en faisant émerger la demande de nouveaux pâturages pour le bétail vers les forêts et la végétation naturelle. 8,2 millions d’hectares ont été déboisés pour le soja entre 2000 et 2015, dont 97% en Amérique du Sud. Dans cette région, la plupart des conversions directes pour le soja (définies comme la plantation de soja dans les trois ans suivant le défrichement de la forêt) ont lieu dans le Cerrado brésilien et en Amazonie brésilienne. Le Cerrado représente à lui seul environ la moitié de la conversion directe du continent pour le soja. Car si depuis 2006 la déforestation a diminué en Amazonie sous l’impulsion de pressions publiques, le paysage voisin du Cerrado est quant à lui dominé par les intérêts du secteur privé. Il a déjà été défriché de moitié et en grande partie converti à la culture du soja.

Les impacts environnementaux les plus notables de l’expansion du soja en Amérique du sud sont la fragmentation de la couverture végétale primitive restante, le compactage et l’érosion et les risques accrus de salinisation des sols, l’eutrophisation des rivières, la pollution de l’eau et du sol par des résidus d’engrais et de pesticides, la perte de biomasse souterraine et l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre et la disparition de la flore et de la faune.

Les impacts sociaux se manifestent par l’accaparement de terres, la multiplication des conflits entre les producteurs de soja et les communautés traditionnelles, la réduction de l’accès des populations rurales aux ressources naturelles (eau, aliments, etc.) nécessaires au maintien de leurs conditions d’existence, les migrations des populations rurales vers les villes, la réduction des emplois en milieu rural, l’augmentation de la pauvreté et l’accroissement des inégalités.

Pour en savoir plus :

Le soja durable

Le moratoire sur le soja amazonien

L’initiative visant à mettre en place une filière soja zéro déforestation la plus documentée est le moratoire sur le soja en Amazonie brésilienne signé en 2006 et mis en œuvre à partir de 2008 (Kastens et al., 2017 ; Gibbs et al., 2015 ; Rudorff et al., 2011). Le moratoire sur le soja est un engagement des grands acteurs de la filière soja à ne pas commercialiser le soja produit dans les zones qui proviennent de la déforestation dans le biome amazonien. L’engagement a été institutionnalisé dans un premier temps entre ces acteurs et les ONG environnementales puis a ensuite été endossé par le gouvernement brésilien.

Les référentiels de certification

Les principaux standards existants sur le soja sont les suivants :

  • Standard RTRS – Table ronde sur le soja responsable ;
  • Standard ProTerra ;
  • Standard ISCC - Certification internationale de durabilité et de carbone.

Leur correspondance aux critères de la SNDI (objectif 13) a été étudiée par le groupe de travail dédié du comité scientifique et technique forêt de l’AFD et a donné lieu à un rapport d’étude.

Pour en savoir plus :

Le "Manifeste soja"

Initié en novembre 2020, et soutenu par le ministère de la Transition écologique, le Manifeste "Pour une mobilisation des acteurs français pour lutter contre la déforestation importée liée au soja" a pour objectif de mobiliser tous les des acteurs du marché afin d’assurer une filière durable du soja importé en France pour l’alimentation animale. Cette initiative est détaillée dans la rubrique "Engagement des acteurs privés".

Les enjeux de l’autonomie protéique

La production française de fève de soja est plus de dix fois plus faible que ses importations : elle s’élève à 321 000 tonnes par an en moyenne sur la période 2012-2021.

Le Ministère de l’Agriculture et de l’alimentation a publié au mois de décembre 2020 une stratégie nationale sur les protéines végétales. L’objectif de cette stratégie est de réduire la dépendance française aux importations étrangères, notamment de soja, et ainsi réduire les risques de déforestation à l’étranger. Cette stratégie a été dotée de 100 millions d’euros pour amorcer sa mise en œuvre. Son objectif est de doubler d’ici 2030 la surface agricole allouée aux protéines végétales pour atteindre 2 millions d’hectares.

Elle se traduit par :

  • Un soutien aux actions de recherche et innovation, pour mettre au point des solutions pertinentes d’un point de vue économique, environnemental et nutritionnel, qui soutiendront à moyen terme la dynamique lancée par le plan de relance ;
  • Un accompagnement des investissements matériels nécessaires à la fois chez les producteurs de grandes cultures et les éleveurs ;
  • Un appui à la structuration des filières de protéines végétales et aux investissements aval ;
  • Une aide à la promotion des légumineuses auprès des consommateurs.

6%
de la production mondiale de soja est destinée à l’alimentation humaine

44%
de l'empreinte terre de la France est liée au soja

54kg
de soja par habitant sont importés en France chaque année

Sources :

  • FAOSTAT
  • Global Forest Watch
  • USDA 2020
  • SDES : Importations françaises de matières premières visées par la Stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée entre 2012-2021 - Vers une empreinte terre de la France (Décembre 2023)
  • Our World in Data